Il y a quatre ans j’acceptais un poste de cadre en CDI dans une grosse boite. À l’époque je me disais qu’il était temps pour moi d’être enfin un adulte “responsable”. Le temps de faire comme tout le monde (comprendre s’endetter sur 20 ans). L’année d’avant, je m’étais pris une bonne crise de sens en pleine face en voyant les burn-out s’empiler dans l’agence où j’étais.
🗓 Juillet 2018 À l’annonce de mon embauche, je me suis dit que j’allais être tranquille. Assez pour une activité connexe. J’ai choisi de suivre une formation pour moi et peut-être pour l’avenir. Une formation pour se changer les idées. J’ai ainsi commencé une formation en Médecine Traditionnelle Chinoise. Grand fan de culture asiatique, je suis vite tombé amoureux de la vision holistique de la pensée chinoise prenant source dans les enseignements millénaires du taoïsme . Ses répercussions dans la médecine, les arts martiaux, la cuisine, l’architecture d’intérieure (feng shui) et plus encore me fascinaient. Voir “the big picture”, s’intéresser aux causes plutôt qu’aux conséquences, ça me parlait bien. En somme : avoir une vision systémique.
🗓 Début Décembre 2018 je quitte mon taff et j’écrivais un article ici. Ces lignes sont donc une suite, quatre ans plus tard.
Hashtag sequel, hashtag Marvel, (hashtag trilogie ?)
Alors il s’est passé quoi après avoir quitté mon taff ?
Tout d’abord je pensais avoir le chômage. J’avais appelé pour être sûr que même si j’étais à l’initiative de rompre ma période d’essai, Pôle Emploi me suivrait. Au téléphone, ils m’ont dit que oui. Le courrier que j’ai reçu deux semaines après avoir quitté mon poste, lui, disait que non. Aïe. Je reste en PLS sur mon lit pendant 30min. Puis je me ressaisi.
Sur Instagram une pote perdue de vue cherche des gens pour venir l’aider aux vacances de Noël à vendre du fromage aux Halles Paul Bocuse. Il faut que je paye mon loyer. Je lui demande si je peux venir poser mon CV. Bim, je commence à vendre du fromage. A l’époque il faut savoir que je sors dégoûté des entreprises et de leurs inepties, de ce monde bullshit du digital, et j’avoue, les premiers mois j’éprouvais un sentiment d’accomplissement jouissif en travaillant avec mes mains. Plus que les dernières années passées devant un écran. Le maitre fromager qui nous encadrait nous transmettait chaque jour son savoir, son artisanat, sa passion et je trouvais cela tout simplement beau. Je réalisais soudainement que tout ce que je faisais avait vingt mille fois plus de sens que passer mon temps à répondre à des mails.
En parallèle j’avais rencontré une des responsables pédagogiques de Supdepub pour donner quelques heures. On accroche direct avec Carole, allez c’est parti, je vais donner quelques heures.
🗓 Été 2019, mon passage à l’école fait bonne impression. Les élèves veulent me revoir. Barbara, une intervenante croisée à l’occasion d’un jury, me branche avec l’ISCOM. Je décroche quelques heures pour l’année 2019/2020. Supdepub me fait confiance, connait ma situation un peu galère et joue le jeu en augmentant drastiquement mon nombre d’heure suite à mes propositions de cours. Soulagement. je peux enfin quitter mon post de fromager pour la rentrée. Juste le temps de rencontrer et servir Teri Hatcher un dimanche matin d’août.
🗓 Rentrée 2019/2020. La lumière au bout du tunnel apparait, la tête commence à sortir de l’eau…quand soudain rupture avec mon ex. Le coeur en miette, je comprend que le fond n’était pas encore touché. Il faut trouver un autre appart. Seul. Sans contrat en CDI. À Lyon. En somme : une partie de plaisir. Mais les cours commencent et il faut donner de l’énergie et de la motivation aux élèves. Alors on sourit et on y va.
🗓 Mi-décembre 2019 après quasiment 3 mois à dormir à droite à gauche, je trouve enfin un appartement. Je me dis qu’enfin un nouveau chapitre va pouvoir s’ouvrir. 2020 sera l’année de la renaissance. Oui, 2020...😅
Mais bon ça je ne le savais pas encore.
🗓 Début 2020 à force de trainer en salle des profs à Sup’, je commence à discuter avec deux mecs forts sympathiques : Arthur et Yohan. On discute de tout et ça tombe bien avec Arthur on va organiser un gros workshop de Design Fiction.
🗓 Mars 2020 : pandémie. Les cours passent en distanciel. Je me retrouve enchainé à mon ordinateur de 8h du matin jusqu’à 21h pendant toute la durée du premier confinement. Le sucre aide à tenir et les kilos superflus s’installent discrètement en même temps qu’un épisode dépressif.
🗓 Été 2020 : avec Arthur et Yohan on se dit qu’on va bosser ensemble. Nous partageons la même vision du travail ainsi que notre envie d’apporter du mieux dans un monde qui part en fumée. Ils ont une boite qui s’appelle la Guilde de l’Innovation et qui fonctionne comme un réseau d’indépendants : parfait pour que je puisse bosser avec eux et continuer d’être prof à côté.
🗓 Septembre 2020 : l’ISCOM me choisit comme référent pour sa filière Creative Design Branding à mi-chemin entre la communication et les méthodologies du Design.
🗓 Fin 2020 : je rentre au capital de la Guilde. Je deviens associé. Moi ?Associé d’une boite ? Truc de dingue que je n’aurais jamais imaginé.
🗓 2021 à printemps 2022 la vie est belle. J’enchaine les cours, je trouve du temps pour bosser sur des projets avec la Guilde. Tout va bien. J’atteins des niveaux de salaires que je n’aurais jamais atteint aussi jeune en CDI. Et même si de nouveaux obstacles m’attendent dans le futur, j’ai conscience que le tunnel est loin derrière. Savoir profiter du soleil, ça fait du bien.
Et maintenant ?
Nous sommes au milieu de l’été 2022. Non sans émotions, je viens de valider quatre années en Médecine Traditionnelle Chinoise. Menées de front avec tout le reste, c’était un pari risqué de continuer. À la Guilde, nous venons de prendre un alternant pour la rentrée. Un élève que je suis depuis trois ans. Nous avons participé à la Biennale du Design de Saint-Etienne en tant qu’artistes durant une semaine de résidence. Je vis désormais en colloc avec cette pote perdue de vue, qui est devenue une de mes amies les plus proches. Une de mes anciennes profs de MTC (désormais amie/collègue) m’offre de venir pratiquer dans son cabinet 1 jour par semaine dès la rentrée. J’ai été publié dans Usbek & Rica l’un de mes médias préférés… Wow, j’ai du mal à réaliser.
L’objectif de vous raconter tout cela n’est pas de se vanter mais plutôt de transmettre un message important : à n’importe quel moment de votre vie, vous pouvez être qui vous voulez (et faire ce que vous voulez).
C’est aussi une ode à l’échec, une ode à l’imperfection dans nos sociétés lissées. Ma vie n’est pas parfaite et c’est tant mieux. Aujourd’hui j’ai cessé de vouloir répondre à cette question “tu fais quoi dans la vie ?” D’ailleurs je répondrais quoi ? “ Prof ? Entrepreneur ? Consultant ? Praticien en MTC ?” Je vis désormais ma vie au fil de mes envies, des projets et des rencontres qui font sens. Aujourd’hui, je suis. Tout simplement. Ces quatre années, je les ai vécues comme une invitation à être dans le moment présent. Une invitation à lâcher cette angoisse contemporaine de vouloir maitriser à tout prix le futur. Une invitation à sortir de ma zone de confort en disant “oui” aux rencontres. Une invitation à se comporter comme l’eau : fluide, mouvante, changeante, contournant avec aisance les obstacles.
Trop souvent vulgarisée à l’extrême, la théorie du Yin-Yang nous enseigne que la Vie se trouve dans le mouvement issu de la variation du Yin et du Yang. L’équilibre à trouver pour atteindre la sérénité et l’épanouissement, n’est donc pas un équilibre statique, mais bel et bien un équilibre dynamique.
Cultivons donc avec joie, les variations de nos vies.
PS : cultivons aussi la gratitude. Je ne serais pas là sans toutes les personnes qui m’ont aidé et fait confiance. La vie n’est possible que par les Autres. Alors merci à vous toutes et tous qui avez impacté et formaté la trajectoire de ces quatre dernières années. Merci, merci, merci !
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